Une vue multidimensionnelle de la spéciation : relier la micro et la macroévolution

oct. 20, 2025·
Rémy LE GOFF
Rémy LE GOFF
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Résumé
Dans le domaine marin, la concentration croissante d’espèces vers l’Archipel Indo-Australien (IAA) a été largement étudiée et de nombreuses hypothèses ont été proposées pour expliquer ce gradient longitudinal marqué de diversité. De nombreuses hypothèses historiques et évolutives ont ainsi été avancées pour expliquer l’origine de ce gradient, et un consensus s’est dégagé sur le fait que ces hypothèses ne sont pas mutuellement exclusives, l’IAA ayant successivement servi de centre d’accumulation, d’origination et de survie au cours des temps géologiques. Bien que des progrès significatifs aient été réalisés ces dernières années dans la compréhension de l’origine du gradient longitudinal de diversité des poissons marins tropicaux, plusieurs questions restent inexplorées. Par exemple, des études récentes suggèrent que des écosystèmes complexes et riches en ressources, comme les récifs coralliens, peuvent favoriser l’émergence de nouvelles espèces et l’évolution de certains traits en offrant des opportunités écologiques. À l’inverse, d’autres travaux proposent que la dépendance à la diversité et la saturation écologique peuvent limiter la richesse spécifique en contraignant à la fois la diversification et l’évolution des traits. Dans cette étude, nous abordons ces questions à l’aide d’un jeu de données mondial sur la distribution des poissons de récif tropicaux, combiné à des traits d’espèces (taille corporelle, niveau trophique et profondeur maximale) et à une super-phylogénie des Actinoptérygiens. Notre étude se distingue par l’analyse de l’assemblage de vertébrés le plus riche en espèces sur Terre (près de 6 000 poissons de récif tropicaux), tout en tenant compte de multiples facteurs potentiels expliquant les patrons spatiaux de richesse spécifique, avec un accent particulier sur l’influence de la spéciation récente et de l’évolution des traits. Nous avons estimé les taux de spéciation au niveau des assemblages à travers les écorégions marines tropicales du monde à partir de taux de spéciation au bout des branches inférés par des approches complémentaires. De même, nous avons estimé les taux d’évolution des traits pour les trois caractères considérés à l’aide de la statistique TR, une métrique dérivée de la statistique DR pour les traits quantitatifs (taille corporelle, profondeur maximale et niveau trophique). Nous avons utilisé une approche statistique causale permettant de prendre en compte simultanément l’influence potentielle des facteurs biotiques et abiotiques sur les taux récents de spéciation et d’évolution des traits, et in fine, sur la richesse spécifique. Nos résultats n’ont pas révélé de motif en « cible » des taux récents de spéciation et d’évolution des traits centrés sur l’IAA, comme c’est le cas pour la richesse spécifique. La région des Caraïbes dans l’Atlantique, bien que quatre fois moins riche en espèces que l’IAA, présente les taux de spéciation récents les plus élevés. Par rapport à l’IAA, les Caraïbes concentrent également des espèces présentant des taux d’évolution de la taille corporelle plus élevés. Enfin, quels que soient les domaines biogéographiques considérés (Indo-Pacifique, Atlantique, Pacifique Est Tropical), nos résultats suggèrent que les mécanismes de dépendance à la diversité ont pu jouer un rôle important dans la structuration de l’évolution des traits liés au niveau trophique des poissons de récif tropicaux.
Date
oct. 20, 2025 12:00 AM — oct. 24, 2030 12:00 AM
Évènement
Lieu

Roscoff’s Marine Station

Roscoff,